Pirou

Église Saint-Martin

L’église Saint-Martin aurait été donnée à l’abbaye de Lessay par Guillaume et Richard de Pirou vers 1100 ou 1106. La nef serait du 13e siècle. Entre 1659 et 1661, la majeure partie du clocher est construit. D’après les archives, cette tour bizarre serait due à l’ambition d’une « dame du lieu », ambition folle au moment où la nef elle-même menaçait ruine. Laissé inachevé, il n’est complété qu’en 1709. Il affirme un impressionnant portail monumental à sa base alors que le porche, à l’ouest, est réalisé vers 1700. Il est étonnant de placer un tel portail sur le côté de la nef et non dans l’axe de l’édifice : n’était-il que la première étape d’une reconstruction complète ? Il fallut attendre 1876 pour qu’on lançât à nouveau des travaux importants motivés par le mauvais état de l’édifice. D’après l’Abbé Leconte, curé de Pirou de 1907 à 1927, le chœur ancien « qui n’avait que 6 mètres de largeur n’arrivaient qu’au sanctuaire actuel, il était voûté en pierres ; une arcade remarquable mais trop basse, le séparait de la nef. On eut beaucoup de peine à en obtenir le sacrifice lors de la restauration de l’église et il fallut feindre un accident pour la démolir. »

Lors de la dernière guerre les allemands, avant de battre en retraite vers le Sud, disposent au pied du clocher, dans ce qui était alors la sacristie, une ceinture d’explosifs qu’ils font sauter le 24 juillet 1944 vers 10 heures du matin, juste avant leur départ. L’explosion endommage aussi la nef et le transept : l’édifice est détruit à 70%. Il est restauré ou reconstruit par l’architecte Pierre Isnard (1899-1982), spécialisé en architecture religieuse, en particulier à Paris et en Guadeloupe. Les travaux de charpente et couverture sont terminés le 8 juin 1960.

L’église avant 1944

Comme l’église était en grande partie détruite et qu’elle n’était pas classée comme monument historique, l’architecte se trouvait libre d’imaginer une architecture toute nouvelle. Il tint cependant à reprendre les silhouettes anciennes, si ce n’est qu’il plaçat la tour entre le chœur et la nef, ce qui permettait une plus grande solidité, une meilleure cohérence plastique, un ensemble plus élégant et plus conforme au genre habituel des églises de la Manche. À l’intérieur cela donne un beau vaisseau en harmonie avec le chœur.

Intérieur avant la guerre
Choeur de l’église Saint-Martin
Saint Marcouf, 2e moitié 15e siècle, classé MH, cliché de l’Abbé Lelégard (CAOA 785.tif)
Ecce Homo, 16e siècle, classé MH en 1957, photographié quand il était encore à l’extérieur sur une façade (©Conseil départemental de la Manche/CAOA/Lelégard, Abbé)
Sainte Barbe, calcaire, deuxième moitié 16e siècle, inscrite MH
La sainte à qui était dédiée une chapelle dans l’église, se reconnaît à la tour qui figure à sa gauche. Elle tenait également la palme du martyr dans sa main droite (on en devine l’extrémité supérieure). Enfin, elle est richement vêtue et ornée, signe de noblesse. Elle porte des chausses à claire-voie que l’on trouve sur des images datant du milieu du XVIème siècle. Elle est coiffée à la mode du XVIème siècle, avec l’attifet qui enserre les cheveux. Sa robe corsetée est à demi recouverte d’une fine étoffe. La virtuosité du sculpteur se remarque au rendu transparent et léger de ce vêtement qui met l’accent sur la grâce et le caractère ondoyant de la silhouette figurée en mouvement : elle semble descendre l’escalier de la tour représenté à droite. Le drapé oblique, à petit plis serrés et dont l’aspect mouillé marque la silhouette, est une référence à la statuaire antique, une des caractéristique du style Renaissance de cette oeuvre, de même que le mouvement tournant qui confère à l’oeuvre de multiples points de vue. La statue a été longtemps conservée à l’extérieur de l’église ce qui explique l’état d’usure de la pierre qui permet toutefois d’en apprécier encore sa belle facture. Cette sainte Barbe est de plus le seul exemplaire de style Renaissance à notre connaissance dans la Manche. Il faut sans doute attribuer la commande de cette statue, ainsi que trois autres de même époque et de même style, aux munificences de la famille Du Bois, seigneurs de Pirou et patrons de l’église paroissiale. Au XVIe siècle, les fondations de l’église de Pirou, particulièrement nombreuses, mentionnent à plusieurs reprises les membres de cette puissante famille.
Éducation de la Vierge, calcaire peint, 2e moitié 16e siècle, inscrite MH (https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM50014700?listResPage=4&mainSearch=%22Pirou%22&resPage=4&last_view=%22list%22&idQuery=%22c307827-50fa-83d-c0c6-e60feb605a%22)
Saint Martin en plâtre pein, vers la fin du 19e siècle, qui était auparavant dans le chœur. Œuvre d’une qualité rare dans la production de statues en plâtre de l’époque
Maître-autel du 19e siècle
vitrail de Paul Bony (?)

Chapelle Saint-Michel de Pirou-Plage

La chapelle Saint-Michel, appelée aussi chapelle des Marins, a été construite au début du XXe siècle à Pirou-Plage à l’initiative de plaisanciers qui avaient collecté les fonds nécessaires. L’entrepreneur Jean Mosca réalisa les travaux et fournit également les statues intérieures. Une première messe fut célébrée le 24 juin 1926 par l’abbé Orvin. La bénédiction de la chapelle, de la sacristie, du chemin de croix et des statues ont eut lieu le 13 août 1928 par Mgr Louvard, évêque de Coutances.

La chapelle vers 1926
L’église a été rallongé par la suite de deux travées du côté du chevet
Les verrières intègrent en leur centre une vitre dessinée et peinte représentant divers passages de la Bible, souvent en rapport avec la mer

Aujourd’hui, l’association des amis de la chapelle assure l’animation spirituelle et culturelle des lieux, mais collecte aussi des fonds pour les travaux d’entretien nécessaires.