Les Psaumes, trésor de poésie cher aux Chrétiens
Notre évêque nous engageait l’année dernière à méditer et à prier les psaumes. Nous, les fidèles, nous le faisons trop rarement malheureusement. Pourtant, depuis les premiers Chrétiens, le livre des psaumes a été le plus lu, récité et chanté de tout l’ancien testament, non seulement par les religieux pendant toutes leurs journées mais aussi par les fidèles lors des offices. C’est celui qui annonce le plus ouvertement la Passion du Christ et l’œuvre de Salut accomplie par cette Passion. Il reste un soutien irremplaçable pour ceux qui veulent suivre Jésus.
Certains le trouvent difficile et dépassé, mais c’est parce qu’ils prennent les textes au pied de la lettre. Si c’est toujours l’esprit qui doit être recherché dans la Bible, c’est particulièrement le cas ici où le genre littéraire employé est celui de la poésie, et de la poésie pour le chant. Ainsi, quand l’univers et le monde sont décrits, ils ne le sont pas par un scientifique ou un observateur neutre mais par un poète qui cherche des images qui se retiennent tout en parlant au cœur et en poursuivant une beauté transcendante.
Si le nom hébreux des Psaumes veut dire « livre des louanges », cela ne veut pas dire que leur contenu soit toujours positif. On pourrait même être choqué par l’importance qu’y prennent les lamentations, lamentations qui parlent de persécuteurs et d’ennemis et peuvent aller quelquefois jusqu’au désir de revanche violente. Pourtant, si le livre des psaumes était attribué par la tradition au roi David, ce n’est pas en tant que chef de guerre. La Bible note que Dieu ne lui a pas laissé construire son temple à cause du sang qu’il a versé dans les guerres (1Ch 28, 3). Quand il est parlé d’ennemis, il ne s’agit pas tant de peuples étrangers que des multiples formes de Satan lui-même.
Si les psaumes ont été mis sous le patronage de David, comme les cinq premiers livres de la Bible sont sous le patronage de Moïse, c’est parce qu’il est dit qu’il charmait le roi Saül par sa musique et ses chants, et qu’il est la figure d’un juste dont la descendance doit voir naître un jour le Messie. David signifie « bien aimé », sous entendu « de Dieu » : c’est à dire que le protagoniste des psaumes est plutôt un modèle de fidèle qu’un roi guerrier. Ceux qui sont dits spécifiquement « de David » évoquent d’ailleurs un personnage très proche du prophète dans Jérémie ou du serviteur souffrant dans Isaïe : le vrai croyant en butte aux moqueries et aux persécutions à cause de sa fidélité à Dieu.
Ce serait une erreur de mettre de côté les lamentations pour ne garder que les louanges car celles-ci ont plus de valeur si elles tiennent compte des aspects les plus terribles de la réalité qui nous gardent de tomber dans une vision optimiste illusoire. Les lamentations viennent nous chercher dans nos angoisses, nos désespoirs, nos découragements, elles mettent des mots sur nos peurs, notre sentiment de l’absurdité du monde, nos désirs de justice toujours déçus, et elles nous permettent ainsi de dépasser tout cela. À partir de là seulement une louange sincère et véritable devient possible. Ainsi Jésus lui-même, au jardin des Oliviers, exprime son angoisse et sa tristesse (Mt 26, 38), pour lui et surtout pour l’humanité qui n’a pas su l’écouter (Lc 23, 28), avant de glorifier Dieu et de conquérir le salut des hommes par sa Passion.
Les psaumes nous enseignent aussi à faire la différence entre le vrai croyant et l’hypocrite, entre celui qui donne son cœur à Dieu et celui dont la foi n’est pas enracinée. Ils nous prennent dans nos faiblesses et nous aident à en faire des forces. Ils nous montrent comment les épreuves peuvent mener au témoignage et au salut. Ils nous font comprendre les origines de Jésus, son œuvre de Salut et la voie pour devenir ses disciples.
Gilles Plum